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Technologies et innovation dans la sécurité privée : vidéoprotection, drones et IA

Salle de contrôle avec multiples écrans de surveillance.

Alors que le secteur de la sécurité privée se développe, l’innovation technologique redessine en profondeur les missions des agents. Les principales technologies qui transforment le métier en 2025 : la vidéoprotection et l’analyse algorithmique, l’usage des drones et l’intelligence artificielle.

Vidéoprotection : des règles strictes pour protéger les données

La généralisation des caméras de surveillance a alimenté le débat entre sécurité et respect de la vie privée. La CNIL rappelle que la vidéoprotection est strictement encadrée :

  • Seules les autorités publiques (mairies) peuvent filmer la voie publique et les lieux exposés à des risques d’agression ou de terrorisme. Les entreprises et établissements publics peuvent filmer les abords immédiats de leurs bâtiments dans certains cas. Les commerçants peuvent filmer leurs établissements ouverts au public, tandis que les particuliers ne peuvent filmer que l’intérieur de leur propriété.

  • Les caméras ne doivent pas filmer l’intérieur des immeubles d’habitation ; la CNIL recommande un masquage irréversible des zones privées.

  • Les images ne peuvent être visionnées que par des personnes autorisées par l’arrêté préfectoral. Un registre doit consigner toutes les opérations (collecte, consultation, effacement) pour une durée maximale de trois ans.

  • La durée de conservation des images doit être proportionnée à l’objectif poursuivi et ne peut excéder un mois. Les personnes filmées doivent être informées de manière visible de leurs droits et de la finalité du dispositif.

Vers une vidéoprotection algorithmique

L’analyse automatique des images (ou vidéoprotection algorithmique) est en plein développement mais reste strictement encadrée. Un article du blog Landot Avocats rappelle que :

  • La reconnaissance faciale est interdite. Posséder le logiciel n’est pas illégal, mais l’activation de la fonctionnalité doit être prouvée.

  • D’autres fonctions (par exemple research, review, respond) peuvent être autorisées si elles ne sont pas utilisées en temps réel ; elles doivent être réservées à des analyses différées ou statistiques.

  • La CNIL devait finaliser sa doctrine en 2024 et les décisions du Conseil constitutionnel relatives aux Jeux olympiques de 2024 rappellent que le traitement algorithmique des images doit s’accompagner de garanties spécifiques pour protéger la vie privée.

Ces évolutions montrent que les technologies d’analyse doivent être déployées avec prudence. Les entreprises de sécurité utilisant des solutions d’IA devront veiller au respect du RGPD et aux décisions des autorités nationales et européennes.

Drones : un nouvel outil pour la surveillance

L’utilisation des drones est en plein essor dans la sécurité privée. Le cabinet Carinel rappelle qu’en 2025, plus de 600 drones sont déployés par la gendarmerie et que de nombreuses entreprises intègrent ces technologies. Les drones permettent une observation dynamique et tridimensionnelle qui ne remplace pas l’humain mais démultiplie ses capacités.

Cadre réglementaire

  • Harmonisation européenne : depuis 2021, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a mis en place un cadre unifié. Les drones civils sont classés en trois catégories : ouverte (risque faible), spécifique (risque modéré avec autorisation) et certifiée (risque élevé).

  • Spécificités françaises : la France a conservé des restrictions supplémentaires : interdiction des vols de nuit en catégorie ouverte, restrictions renforcées en zones urbaines et enregistrement obligatoire sur la plateforme AlphaTango pour les drones de plus de 250 g ou équipés de caméras. Le certificat théorique de télépilote (CATS) est obligatoire pour les opérations en catégorie spécifique et une autorisation préfectorale est nécessaire pour l’usage par les forces de l’ordre.

  • Durée de conservation des images : les services publics doivent limiter à sept jours maximum la conservation des images captées par drone.

Applications concrètes

Les drones sont utilisés pour la surveillance périmétrique, la sécurisation d’événements, la prévention des risques industriels et les missions de secours :

  • Les drones peuvent couvrir plusieurs hectares en offrant une vision panoramique continue, réduire les angles morts et permettre une réaction immédiate en cas d’anomalie. Ils utilisent des caméras 4K, des capteurs thermiques et des algorithmes d’analyse en temps réel.

  • Lors d’événements, ils détectent précocement les mouvements de foule et aident à coordonner les équipes de sécurité.

  • Dans l’industrie, ils inspectent des zones dangereuses sans exposer le personnel et permettent une maintenance prédictive.

  • Les forces de l’ordre utilisent les drones pour prévenir les atteintes à la sécurité des personnes et des biens, sécuriser les rassemblements et surveiller les frontières.

L’émergence de drones autonomes 24 h/24 avec stations de recharge automatiques ouvre de nouvelles perspectives mais pose des questions de coût et de régulation.

Autres tendances technologiques

Outre la vidéoprotection et les drones, plusieurs tendances redéfinissent la sécurité privée :

  1. Intelligence artificielle et analyse de données. Selon Base Sécurité, les caméras intelligentes capables d’analyser des comportements suspects, les algorithmes de planification des rondes et les outils de suivi en temps réel renforcent la réactivité des équipes.

  2. 5G et connectivité. La 5G accélère la transmission d’images en haute définition et permet le pilotage à distance de dispositifs de sécurité. Elle améliore la géolocalisation mais impose une vigilance renforcée face aux cyberattaques.

  3. Cybersécurité. La sécurité physique ne se limite plus aux intrusions. Les hackers ciblent désormais les systèmes de sécurité pour voler des données sensibles ; la cybersécurité devient indissociable des missions de sécurité privée.

  4. Éco‑responsabilité. Le secteur intègre des pratiques respectueuses de l’environnement : véhicules électriques pour les rondes, équipements durables et dispositifs basse consommation. L’éco‑responsabilité répond aux préoccupations sociétales et peut réduire les coûts d’exploitation.

Conclusion

La sécurité privée de 2025 ne se contente plus d’assurer une présence humaine. Elle s’appuie sur des technologies avancées (vidéoprotection, IA, drones, 5G), tout en respectant un cadre juridique exigeant, notamment en matière de protection des données et de conformité réglementaire. L’avenir du secteur réside dans une alliance équilibrée entre l’expertise humaine et l’innovation technologique : les agents restent indispensables pour interpréter les informations recueillies et prendre des décisions, tandis que les outils augmentent leur efficacité. Les professionnels qui sauront adopter ces nouvelles pratiques tout en maîtrisant les obligations légales gagneront en compétitivité et en fiabilité.

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Benoît

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